mardi 22 mai 2007

J'ai la confession qui m'étrangle la pipe

Il est de ces cercles où dire "ça ne va pas" est certainement aussi indécent que de porter un pantalon taille basse avec un string. Une faute de goût, en somme.

On dit "ça va" alors, on ajoute même un "et toi?" dans la foulée pour se plier à l'usage, avant de filer bien vite parce que pour la réponse on n'a pas le temps, un exposé sur le feu, un maître de conf' qui va râler, une vie entière qui attend, là-bas, d'autres gens, d'autres "salut ça va", partout les mêmes sourires vernis, on est entre gens bien.

On dit "ça va" avant de marcher bien vite vers son chez soi, pour ne pas avoir à travailler la séduction encore un peu, et se regarder le faciès en face dans la glace en pied, enfin. Le vrai alors, sans le sourire affable, sans les éclats de rire au fond de la gorge. Loin de cette énervante atmosphère de beurre fondu, devant la glace en pied, il a perdu un peu de sa superbe, le faciès. Il est un peu cireux au fond. Un peu cerné aussi. Mal ficelé, quoi.

Devant la glace en pied c'est ce grand morceau de corps tout entier qui se rebiffe, avec cors et trompettes, cris de la chair révoltée et tout le tintouin. Le corps qui tout le jour durant a offert sa sensualité comme un bonbon, vas-y chaland c'est tout gratis, aujourd'hui on brade les meubles. Ce soir le corps dit non. Sans trop savoir pourquoi, dans un grand effondrement de chair et de trémolos, ce soir le corps dit non.

[Wax Tailor - I don't know.]

4 commentaires:

Anonyme a dit…

bon, très bien. c'est important l'allure, les "ça va" et les sourires, on joue assez bien ce jeu-là parfois, surtout entre "gens bien"... mais faut se foutre la paix à soi-même parfois. écouter le corps. le corps qui guide toujours en premier.

bisous, bonne nuit !

Anonyme a dit…

Je m'amuse parfois à répondre non aux "salut ça va" des "gens bien" que je fréquente. Ces gens-là, lorsqu'ils me répondent "ah bon, pourquoi ?" je hausse les épaules en souriant de toutes mes dents brossées avec amour, car je sais qu'ils s'en foutent, et surtout, qu je n'ai aucune envie de leur dire plus que "salut" sans même le "ça va". Mais le politiquement correct veut qu'on s'y plie, encore, et encore, à ces sourires, à ces "ça va" à ces baisers vides déposées sur des joues dont on se fout. Condamnés. A VIE. C'est ptèt bien ça le plus triste... Je retourne à mes exposés... Mais toi sinon, ça va ? ;)

Anonyme a dit…

Il y a aussi la solution de refuser la société telle qu'elle est, et de jouer son asocial le plus possible. Je te donnerai des cours si tu veux.

Bé. a dit…

Stick, je me souviens du jour où t'avais répondu à S.T., haut et fort, "non" à son "Vous allez bien?" hebdomadaire. C'était au tout début du semestre, et ça m'a marquée, voilà. Je n'oserai jamais répondre autre chose que "oui très bien" au "Vous allez bien?" de S.T., et de tout autre Sciences Poteux en général. Voilà. Je suis un peu lâche au fond.

Par contre ça va être dur de jouer les asociales, parce que j'aime les gens, l'air de rien. Je râle, je peste, je crache ...mais je ne le ferais pas si l'humanité me désespérait dans sa totalité. Ce serait assez présomptueux de ma part de dresser ce genre de constat, d'ailleurs.